les orgues Mutin-Cavaillé-Coll de la cathédrale d'Oran


l'activité musicale

 

ancienne cathédrale Saint-louis
cathédrale: les premiers organistes
Paul Aubry-Angelier
Raymonde Jorro
Lucien Lefèvre et la chorale
répertoire de la chorale du Sacré-Coeur
les autres formations


ancienne cathédrale Saint-louis

la présence d'un instrument dans la première église Saint-Louis en 1855, cinq années après sa construction (voir historique) témoigne d'une tradition musicale, jointe à une ferveur religieuse, enracinées dans les populations à forte dominante espagnole qui peuplaient les premiers quartiers d'Oran.


On peut citer le nom de Prosper Pascal ( 1825-1880), qui fonda en 1862 la Société Chorale d'Oran, (et fut peut-être organiste à Saint-Louis? (communication de Denis Havard de la Montagne "musica et memoria"(11)) . Il est cependant plus connu pour ses "adaptations" et traductions des opéras de Mozart, destinés à les rendre intelligibles au public parisien du XIXème siècle.
Puis Jean-Maurice Perret né à Bordeaux le 9 mai 1866, installé à Oran en 1886, marié en 1890 avec Cécile Bouty, et titulaire de l'orgue de Saint-Louis depuis le 1er avril 1899 (Henry Carnoy, dictionnaire biographique international vol. 1-4 Georg Olms)

 

 


 

 

 

Par la suite, le développement artistique s'est poursuivi dans tous les domaines, tel qu'on pouvait l'attendre dans une grande ville en plein développement, brassant des populations de toutes origines :en 1954 la ville de 293000 habitants comptait environ un tiers de musulmans et une importante communauté israélite (il y avait également un orgue de 18 jeux à la grande synagogue). Mais nous ne nous intéresserons ici qu'à l'activité musicale autour de l'orgue de la cathédrale.


............. l'orgue de la synagogue (source: inconnu)

les premiers organistes de la nouvelle cathedrale

L'orgue de la cathédrale du Sacré-Coeur ayant été construit en 1918, le premier titulaire fut René Lecouteur. Né en 1870 dans la Manche, élève de Lebel à l'Institut National des Jeunes Aveugles, organiste à N.D. de Carentan de 1891 à 1916, puis à Oran avant de revenir en France (11). Lors de l'inauguration de l'orgue de Sidi-Bel-Abbès, le 21 Février 1926, l'assistance apprécia " ... M.Lecouteur, dont on retrouva les qualités qu'admiraient les habitués de la cathédrale d'Oran, et ses dignes émules, MM Chaunut et Bertomeu."(1) p.385

 

Paul Aubry-Angellier

A partir de 1930, et jusque vers 1950, c'est Paul Aubry-Angellier qui tient l'orgue de la cathédrale, mais également celui de la synagogue
pour les offices du samedi.
Dans " L'Oranie Artistique et Littéraire", article paru dans "le Livre d'Or de l'Oranie" (1930, réédité en 1990 ), Angèle Maraval-Berthoin, femme de lettres donnait la liste de tous les artistes en vogue à l'époque, et écrivait notamment :
"...M. Aubry-Angellier déchaine la grande voix des orgues à la cathédrale,et s'occupe de la composition..." (8)
on peut voir ci-contre la reproduction d'une de ses cartes de visite.

 

 

 

 

 

 

 

Raymonde Jorro

(photo 24 Décembre 1960)

(Saint-Quentin 1913 – Marseille 2002)
Elle succède à Paul Aubry-Angellier jusqu' en 1962.
"Originaire du Nord-pas-de-Calais, elle s’est installé dès son adolescence à Oran ; après un Premier Prix de piano au conservatoire de cette ville, elle part pour Paris perfectionner son éducation musicale en piano et orgue. Devenue titulaire de la cathédrale d’Oran, elle fonde et dirige une importante chorale.
(extrait de : L'orgue dans la ville,J.R.Cain et Robert Martin, éd.Parenthèses)(9)(10)
En effet, Raymonde Jorro après un premier prix à Oran, est reçue au Conservatoire National de Paris où elle fut l' élève dans les années 1930 notamment de Santiago Riera (pianiste virtuose, grand spécialiste de Liszt dont il révise un grand nombre d'oeuvres chez l'éditeur Durand, qui eut pour élèves entre autres, Jeanne Demessieux, Marc Honegger...) et chez qui elle fut même hébergée. C’est dans ces années passées à Paris que naquit sa vocation d’organiste en allant voir et entendre Louis Vierne et Charles Marie Widor, entre autres, dans les atmosphères prestigieuses de Notre Dame de Paris et de Saint Sulpice.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De retour en Algérie, elle enseigne la musique dans les lycées d’Oran et de la région. Surtout organiste, elle jouera à cette époque sur plusieurs instruments à Oran, église St Louis, St Esprit (voir ce programme), à la synagogue, à Mascara. En 1950, Paul Aubry-Angellier, organiste de la Cathédrale d’Oran, demande à Raymonde Jorro de le remplacer lors d’une fête de sainte Cécile, fête particulièrement honorée à Oran où toutes les chorales de la région se donnaient rendez-vous pour un grand concert spirituel qui se déroulait toute la journée à la Cathédrale. Conquis par la maîtrise de Raymonde Jorro pour déchiffrer au pied levé toutes les œuvres données, (elle avait été rompue à cet exercice au Conservatoire de Paris où le déchiffrage se pratiquait sur de la musique manuscrite de la Procure de musique), Paul Aubry-Angellier la choisit pour lui succéder aux grandes orgues de la Cathédrale. Le chanoine Carmouze, archiprêtre du lieu, lui accordera toute sa confiance. L’activité musicale à la Cathédrale fut intense toutes ces années, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, l’apparat des cérémonies permettait de jouer les grandes oeuvres d’orgues dans leur intégralité.
(communication de M.T.Jorro)

Dans la revue L'Orgue N° 77 octobre - décembre 1955 pp.112 on peut encore lire :
"...Mais ici, une organiste qui a la foi - Mme Jorro- et qui ne désespère pas d'améliorer [l'orgue] un jour prochain (plein jeu et cornet à ajouter), interprète la musiqueclassique et initie les oranais à Pachelbel, Couperin, tout comme Jehan Alain. Il lui faut beaucoup de courage - et elle n'en manque pas - pour imposer Bach en ses auditions de musique religieuse,..."
(cité par Robert Martin dans le Monde de l'orgue)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1962, l’indépendance l’oblige à quitter l’Algérie pour Marseille ou elle est accueillie par son oncle, organiste non voyant de la basilique de Notre-Dame de la Garde, Louis Masson, ancien élève de l'Institut National des Jeunes Aveugles (11).

Grâce à l’intervention de Joseph Vidal, organiste en l’église Saint Charles et à Paul Gueydon, organiste de la Cathédrale auxquels elle vouera reconnaissance et amitié, elle succède en 1965 à Louise Rougé aux grandes orgues historiques du frère Isnard à l’église Saint-Cannat les Prêcheurs, poste qu’elle conservera jusqu’en septembre 1986.
(communication. M.T.Jorro)

 

ci-contre et ci-dessous : à la console de l'orgue de St-Cannat

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

l' énergie et l'enthousiasme dont elle faisait preuve, la conduisaient quelquefois à s'introduire dans les profondeurs de l'instrument, à la recherche d'un cornement, ou pour effectuer elle-même certaines menues réparations..(voir photo)

Son amour de l’orgue était véritablement passionnel jouant tout le répertoire de Bach à Alain en passant par Franck Vierne ou Messiaen et mettant sa virtuosité au service de la liturgie."
(extrait de : L'orgue dans la ville,J.R.Cain et Robert Martin, éd.Parenthèses)(9)(10)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lucien Lefèvre

Mon oncle Lucien Lefèvre (1920-1995) fut initié à l'orgue par Paul Aubry-Angellier jusque vers 1938; la formation musicale qu'il reçut, lui permit d'assurer quelques suppléances à l'orgue, mais surtout de prendre plus tard la direction de la chorale; voici quelques partitions lui ayant appartenu , on y trouve les compositeurs "modernes"de l'époque, mais aussi Bach et les classiques français du XVIIIème dans les recueils de Félix Raugel.
Pour l'anecdote, un chemin assez tortueux dans l'arbre généalogique, relie les familles Lefèvre, Boellmann, Niedermeyer, Gigout...

 

 


 

la chorale


22 Novembre 1953

la chorale du Sacré-Coeur, fondée par Raymonde Jorro fut ensuite dirigée par monsieur Lopez de 1944 à 1949, puis par monsieur Dupuy de 1949 à 1950.

En 1951, le chanoine Carmouze, archiprêtre de la Cathédrale chargea Lucien Lefèvre de "redynamiser" un ensemble qui s'essoufflait. Il s'y attela avec beaucoup de courage, car les répétitions avaient lieu le mardi et jeudi soir de 18h à 19h30 pour les voix féminines, le mercredi et le vendredi aux mêmes heures pour les voix d'hommes, et le samedi soir pour les répétitions d'ensemble.

 

 

 

 

 

 

 

Cela eût pour effet de donner un éclat particulier à la messe de 10h30 : le clergé s'en montra ravi et le manifesta en offrant de temps en temps l'apéritif à tous les participants dans la salle du chapître. La chorale qui fut associée à tous les évènements et fêtes religieuses aborda un répertoire très varié détaillé ci-après:
répertoire et fêtes de Sainte-Cécile ( Dimanche 20 Novembre 1960)

A cette époque la chorale comprenait une quarantaine de participants auxquels se joignaient quelquefois d'autres formations (voir plus bas). Vous pourrez entendre entendre à la page suivante, quelques courts fragments d'enregistrements des années 1950 à 1960.
Après 1962, le père Lafourcade et Mr Nappet prirent la suite jusqu'à ...?
la chorale en 1960

 

 

 

 

 

 

 

 

 

quelques témoignages :

<<...les cérémonies religieuses qui se déroulaient sans relâche à la cathédrale, messe pontificale avec Mgr Lacaste, fêtes de Ste-Cécile, Sermons de charité, Ste-Jeanne d'Arc, étaient brillantes. Un large répertoire y fut interprété. Tous les dimanches, le programme était différent et s'adaptait à la liturgie avec rigueur. Le souci artistique était intimement lié à l'esprit de la célébration, la collaboration entre Lucien Lefèvre et Raymonde Jorro fut sans faille, richie et productive, et ils pouvaient compter sur l'appui du chanoine Carmouze. Les choristes étaient passionnés, et la cathédrale était le centre d'une grande activité culturelle et artistique, dans une ambiance très amicale.>> (Mme M-T.J)

<<... nous gardons le souvenir d'une personne alliant extrême gentillesse, et immense talent musical...>> <<...bien souvent nous en parlons, en reconnaissant son immense talent d'organiste, et combien avec Mr Lefèvre, ils nous ont fait chanter et découvrir de très belles oeuvres...et quelle patience ils avaient pour nous les faire exécuter...Ils possédaient l'un et l'autre des goûts très artistiques...et nous enseignaient le chant avec amour, et surtout beaucoup de patience.>>( Mr et Mme G.B.membres de la chorale)

 

Après son retour en France en 1962, Lucien Lefèvre poursuivit une activité musicale plus discrète, comme organiste et chef de choeur à l'église Saint-Martin de Jouy-en-Josas, où il oeuvra avec le titulaire Pierre Louvel pour la restauration du petit orgue Abbey en 1975.
Il se retira en 1985 dans le petit village de Lauret près de Montpellier où il
décéda en Août 1995.

<à l'orgue de Saint-Guilhelm-le-désert en 1990

 

 

 

 

 

 

 

les autres formations

Il faut également parler d'autres formations musicales, étroitement associées à la chorale de la cathédrale lors des nombreuses fêtes religieuses se déroulant dans, et autour de la cathédrale. Vous trouverez divers articles, photos et témoignages sur cette page.

 

Ces quelques souvenirs de ce qui fut sans doute à l'origine de mon intérêt pour la musique et pour l'orgue sont bien minces et tout témoignage ou document sera le bienvenu ! Merci à tous ceux qui m'ont déjà permis d'enrichir ce site.

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