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l'abbé Clergeau

sa personnalité est plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord et même franchement surprenante : à la lecture des extraits ci-dessous, il semble qu'il faille définitivement abandonner l'idée d'un "facteur d'orgues", mais considérer le personnage comme quelqu'un ayant su s'entourer de relations dans le monde ecclésiastique, le monde littéraire scientifique et musical, celui des facteurs d'orgues bien sûr, mais aussi par la suite, le monde politique et financier, gérant de cinq ou six sociétés, (société des orgues, caisse des bonnes oeuvres, crédit des paroisses, banque des dépots, société des institutions de Boulogne et Saint-Mandé, et même la "société des eaux de Calais "!) ce qui lui permit si on en croit les journaux de l'époque (Journal des économistes juin 1867) de mener grand train (traitement de 23000 fr et maison de campagne à Enghien) mais le conduisit à la faillite, la prison et la fuite...

un personnage très Balzacien, en somme...

l'homme d'église, l'écrivain
l'action dans le domaine musical
l'inventeur, les brevets
les orgues Clergeau, facture, buffets, composition
l'homme d'affaires, les sociétés et la faillite

 


l'homme d'église, l'écrivain

Nous n'avons hélas pas de portrait, mais il serait né à Auxerre le 29 mars 1805, aurait été ordonné prêtre en 1828, et pris sa retraite ecclésiastique en 1844 (archives diocésaines de Sens, communication de J.M. Cicchero facteur d'orgues) ; il est cependant toujours cité comme "chanoine honoraire de Sens", avec toujours le titre d'abbé, y compris lors de ses démêlés judiciaires...

et on sait finalement assez peu de choses de la jeunesse de l'abbé Clergeau : on trouve quelques renseignements sur lui dans ses ouvrages, bien sûr, mais aussi dans les journaux de l'époque, qui constituent une précieuse source d'information. Reportons nous à la dédicace de l'étude historique et biographique de Chateaubriand parue en 1860, dans laquelle il explique :
<<...vouer sa gratitude à une troisième administration diocésaine [de Moulins], en la personne de son ancien supérieur au petit séminaire, M. L.. ,agé de 24 ans, lui-même étant alors agé de 13 ans>>
voir l'extrait ci-dessous
(remarque : l'"école secondaire ecclésiastique" ou petit séminaire de Moulins ayant ouvert en 1823 à Yzeure (Allier), cela fixerait cependant une année de naissance postérieure à 1810, à moins qu'il n'évoque l'âge de son supérieur (24 ans) à une époque précédant son entrée au petit séminaire à treize ans).

"Chateaubriand, sa vie publique et intime, ses oeuvres"(Paris, Dufour, Mullat et Boulanger 1860)

on trouve deux prénoms différents suivant les publications : soit "Emile" (inv.35 page 338), soit "Jean-Baptiste-Germain"; mais c'est ce dernier qui revient quasiment toujours, par exemple ici :
<<Pour toute réponse à la nouvelle édition du factum de M. Clergeau, chanoine de Sens, appuyé d'une consultation de Me Gressier, avocat, au sujet du Symphonista, M. l'abbé Guichené,... adresse à ces messieurs la lettre suivante... noms cités: François Guichené (Abbé.), Jean-Baptiste-Germain Clergeau (Abbé.) Éditeur impr. É. Dupeyron, 1858 >>

de même, dans quelques inventaires, dont celui cité, on trouve l'orthographe CLERGEOT; mais dans toutes les publications consultées et les ouvrages imprimés, le nom écrit est bien CLERGEAU, et Emile Clergeau est présenté comme un "parent"; les renseignements ci-après attestent bien de l'existence d'Emile Clergeau, qui apparaît comme étant le frère de Jeanne-Alexandrine, seconde épouse de Dominique-Auguste Alizant, le facteur d'orgues qui réalisa nombre des instruments vendus par l'abbé Clergeau. (archives en ligne de l'Yonne, site filae.com et communication de J.MCicchero).

extrait de l'arbre généalogique de la famille Clergeau en lien de parenté avec l'abbé Clergeau

 

dans la revue "l'ami de la religion et du roi" on apprend ensuite qu'il obtient une bourse de la ville au commencement de ses études à Auxerre, puisque la mise à disposition d'élèves méritants,de quinze livrets de quinze francs est envisagée comme une sorte de "restitution" :
<<..Mr l'abbé Clergeau, ..., vient de mettre à disposition de l'autorité municipale de la ville d'Auxerre quinze livrets de quinze francs chacun, de la caisse de prévoyance de cette ville, pour être distribués aux élèves de toutes les écoles gratuites sans distinction, qui s'en montreraient les plus dignes....Mr le maire faisait ressortir aussi toute la délicatesse de l'action de Mr l'abbé Clergeau, qui, ayant au commencement de ses études à Auxerre, obtenu une bourse de la ville, semble ne voir dans son acte de munificence, qu'une sorte de restitution..>>(ref:Gallica l'ami de la religion et du roi)

il sera ensuite (peut-être après d'autres nominations ailleurs ?) curé de Villeblevin (Yonne), paroisse à laquelle il fait don en 1852 d'un "orgue de son système"

<<don d'un orgue de 8 jeux à la paroisse de Villeblevin (Yonne): DIOCESE DE SENS. Nous recevons la lettre suivante « Je vous pris de vouloir bien enregistrer dans vos colonnes une nouvelle générosité de M. l'abbé Clergeau, auquet l'art et les pompes religieuses doivent le système de transposition appliqué à t'orgue, générosité non moins remarquable par sa valeur intrinsèque que par le motif qui l'a déterminée. C'est à Villeblevin, dont alors il était curé, que M. Clergeau a eu la première idée de la transposition, qui a pour l'effet de simplifier le jeu de l'orgue, sans sortir des règles de l'art. La capitale n'a pas tardé à apprécier cette importante innovation tant par ses artistes que par les encouragements du ministère; une véritable révolution s'est faite dans la facture, et aujourd'hui toute la France, depuis les cathédrates jusqu'aux plus simples hameaux, connaît et apprécie le système de M. l'abbé Clergeau. On estime à près d'un Million la valeur des instruments transpositeurs livrés depuis trois ou quatre ans. Par reconnaissance envers Dieu, qui a permis un aussi grand succès, et dans des circonstances, il faut le dire, aussi peu avantageuses pour les arts, M. Clergeau vient de faire don à notre paroisse, témoin de son premier travail, d'un magnifique orgue à tuyaux de son système et établi par ses soins.Il se compose de 8 jeux de 8 pieds, prestant, bourdon, grande flûte, nizard(sic), doublette, cornet, basse et dessus de trompette basse de clairon et dessus de hautbois, etc. en tout près de 600 tuyaux. Transposition de 12 notes, tant au clavier à main qu'au clavier de pédales, montre de trente-cinq (sic) tuyaux brillants enchâssés dans une plate-face sculptée et de gracieuses tourelles ornées de draperies en bois sculpté. La composition intérieure et extérieure de ce bel instrument ne laisse rien à désirer. Cette donation est assez honorable pour les arts et pour les artistes, assez généreuse par elle-même et par son motif pour mériter une mention. Pour moi qui administre la commune depuis quarante-huit ans, je vous laisse à devenir Monsieur le rédacteur, le contentement qu'éprouve un vieillard de soixante-seize ans, pénétré d'un profond dévouement pour son pays natal. L'éclat des pompes religieuses qui résulte d'un si bel accompagnement réjouit ma vieillesse et couronne tous mes efforts en accomplissant tous mes voeux. Veuillez, etc. Le maire de Villeblevin, Bourgouin>> (réf:Gallica "l'ami de la Religion et du Roi 1852)


(notons qu'actuellement, c'est un orgue de Cavaille-Coll qui se trouve à Villeblevin (inv.89 YO-40), mais on trouve à Champigny (inv.89 YO-14) et Vinneuf (inv.89 YO-43), deux communes très proches, deux orgues Clergeau : l'un d'entre eux proviendrait-il de Villeblevin, ou ce dernier a-t-il été vendu à une autre paroisse ?)

mais les "libéralités" de l'abbé Clergeau sont multiples :

-dons d'argent :
<<M. l'abbé Clergeau, du clergé de l'Yonne, ex-aumônier de M. de Châteaubriand, et auteur de l'orgue transpositeur, vient de donner à M. le ministre de la guerre une somme de trois cents francs pour être distribués spécialement aux gendarmes victimes plus ou moins de leur dévouement, lesquels n'auraient pas été récompensés par un avancement immédiat ou de toute autre manière. Nous nous rappelons qu'il y a quelques mois, M. l'abbé Clergeau faisait à la ville d'Auxerre un don de 750 fr., pour être distribués en brevets de la caisse de prévoyance aux élèves pauvres des écoles primaires de cette ville, dans le but de populariser cette institution.>>(réf:Gallica "l'ami de la Religion et du Roi 1851)

-contribution à la construction de l'orgue de Choeur de la cathédrale de Sens :
<<...Un orgue d'accompagnement de quinze jeux distribués sur deux claviers à mains et pédales et du système transpositeur de M. L'abbé Clergeau vient d'être inauguré au choeur de la Métropole de Sens, le jour de la sollennité de l'Assomption, et de nouveau les 25 et 2? Août en présence de tout le clergé du diocèse réuni pour la retraite et le synode...Ce magnifique instrument, le plus complet qui existe au choeur de toutes nos cathédrales de France, est dû aux soins persévérants et à la générosité de M. l'abbé Clergeau, qui en a partagé la dépense avec le gouvernement.Par cette bonne oeuvre, entre autres, M. l'abbé Clergeau, chanoine de Sens...>>(ref:Gallica l'ami de la religion et du roi 1855 juill.sept) (orgue Ducroquet 1854 inv.89 YO-34)

-lors du CONGRÈS pour la restauration du Plain-Chant et de la musique religieuse 3 août 1860...
<<Ensuite il annonce à l'assemblée que M. l'abbé Clergeau, membre du Congrès, a versé entre les mains du trésorier, à titre de don et sans affectation spéciale, une somme de 500 fr. L'assemblée charge le bureau de transmettre à l'abbé Clergeau l'expression de sa vive reconnaissance...>>

il faut croire que le brevet du mécanisme transpositeur déposé en 1845, adopté par le facteur d'hamoniums Alexandre, lui avait rapporté de confortables subsides... on trouve le chiffre de "un million" et même plus loin, "trois millions" !...
<<... aujourd'hui toute la France, depuis les cathédrales jusqu'aux plus simples hameaux, connaît et apprécie le système de M. t'abbé Clergeau.on estime à près d'un million la valeur des intruments transpositeurs livrés depuis trois ou quatre ans...>>(cité au-dessus l'ami de la Religion et du Roi 1852)

 

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les écrits :

une "étude historique et biographique de Chateaubriand" parue en 1860
.........................................
"Chateaubriand, sa vie publique et intime, ses oeuvres"(Paris, Dufour, Mullat et Boulanger 1860)
BNF Gallica

dans la préface, l'auteur adresse son hommage "au clergé en général", puis à "l'administration diocésaine de Sens", dont le vénérable chef, l'ayant un jour "surpris dans l'organisation des choeurs de notre église", et "après s'être rendu compte de nos moyens", lui fait l'honneur de "l'appeler à sa cathédrale pour en faire l'application, ... , puis donner la mission plus large de faire adopter ... ces moyens partout, pour la propagation de la musique religieuse, au profit des pompes de l'Eglise."

ensuite, à l'adresse de celle de Paris, qui l'envoie auprès de la personne de M. de Chateaubriand : << vous vous occupez d'art, votre place est auprès du poète-écrivain>>

dans cette oeuvre très lyrique ("Atala fut aux esprits...ce que le lever d'un beau jour est aux ténèbres..."), après le récit de la vie et des voyages, vient l'éloge de la défense du christianisme : <<... L'apparition du Génie du Christianisme ne pouvait manquer d'obtenir en France presque toutes les sympathies, après les funestes résultats des livres impies de Voltaire, de d'Alembert, de Diderot...>> puis une longue fresque historique sur l'époque mouvementée qui suivit la révolution, les engagements politiques de Chateaubriand, et enfin la retraite, la rédaction des Mémoires...

 

à rapprocher de l'orgue Clergeau très "ancien régime", en plein milieu du XIXème siècle...

 

il est également l'auteur d'un autre livre : "l'unique destinée de l'homme "1862 (chez l'auteur) réf: bibl.diocésaine de Dax
.....
édité cette fois "chez l'auteur", qui se fait cette fois éditeur...

 

 

les revues

l'abbé Clergeau fonde un journal "le drapeau catholique" mai 1860 ; cette publication posa quelques problèmes... on lit dans l'Histoire critique et anecdotique de la presse parisienne :
<<...fondé et subventionné par l'abbé Clergeau, ancien aumonier honoraire de Mr de Chateaubriand, auteur d'une vie du chantre d'Atala, ancien chanoine de Sens, ancien associé d'Alexandre Père et Fils, inventeur de l'orgue transpositeur, ancien fondateur de la Caisse générale du Clergé S.G.D.G., ni des tribunaux, ancien directeur des Eaux de Calais, créateur imaginaire du Tir National, propriétaire rue des Tournelles du légendaire hôtel de Ninon de Lenclos, ce journal était consacré à Jésus et à Marie, sous la figure de Charles Marchal (de Bussy). On y houspillait, en style de sacristain, Pierre Leroux, Proudhon, Louis Blanc, le Léonor, directeur politique du Siècle, la philosophie, la révolution....Le Drapeau Catholique fut amené devant la police correctionnelle 6ème chambre, et reconduit à Sainte-Pélagie. ... Le Drapeau catholique fut remplacé par la Gazette religieuse...L'abbé Clergeau, surpris dans sa foi industrielle en fut quitte pour un billet de quelques centaines de francs, et la religion catholique pour un journal honteux de moins...
... L'abbé Clergeau est un spéculateur de première force. Intelligence agile, tempérament froid, il ne s'est élancé dans le monde que pour y monter des affaires; il n'a mis de coté sa lourde robe noire que pour nager avec aisance à travers la spéculation... nous le reverrons plus tard à l'oeuvre dans les coulisses du journal l'Orphéon...dont il est le deus ex machina. Mais que dites vous d'un abbé de ce modèle, qui s'érige aujourd'hui en moraliste et en protecteur de l'institution chorale?...>>
lire l'article complet dans : "Gazettes et gazetiers : histoire critique et anecdotique de la presse parisienne ; deuxième année par J.F.Vaudin E.Dentu Paris 1863) page 157 et suivantes

on notera ce trait de caractère <<"..spéculateur de première force, intelligence agile, tempérament froid..." >>

 

 

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l'action dans le domaine musical

ayant déposé un brevet et conclu un accord avec la manufacture d'harmoniums-melodiums Alexandre aussitôt après, il est clair que le principal de son action consistera à diffuser massivement ce système dans toutes les paroisses, en prônant une évolution des pratiques musicales dans la liturgie.

mais ses prises de position en faveur de la suppression du plain-chant en faveur de la musique provoquent de vives réactions :
dans LA MAITRISE journal de musique religieuse : 5ème année . 1859-1860. <<Il est tombé dernièrement entre nos mains une pièce extrêmement curieuse, et que nous croyons devoir enregistrer dans la Maîtrise comme un incroyable monument d'aberration de quelques membres du clergé, à l'endroit du chant grégorien. Cette pièce est extraite d'un Prospectus de M. l'abbé Clergeau, inventeur de l' Orgue transposileur , qui est fort populaire en France, dans les paroisses rurales où il fait l'admiration des curés et de leurs naïves ouailles, mais qu'un savant a cru apprécier avec justice , au nom de la science, en disant très- carrément que cet instrument ne vaut rien. S'il est fâcheux pour un ecclésiastique de s'exposer à subir un tel jugement, il est doublement regrettable de le voir patronner une idée comme celle qui est produite dans la lettre que nous empruntons à son Prospectus de 1858, et qu'il fait précéder de ce titre beaucoup trop remarquable: Lettres sur la suppression du Plain-Chant. ...>> ...<< Ainsi, pendant que des travaux sérieux préparent la restauration du chant douze fois séculaire de l'Église, trois hommes investis de son sacerdoce [l'abbé Euvrard, l'abbé Clergeau, l'abbé Prunier], se figurent faire une chose utile à la Religion en le dépréciant, en déclarant sa succession ouverte au profit de la musique, et, aveugles qui ne savent ce qu'ils font, se constituent fossoyeurs d'une nouvelle espèce, et se hâtent de procéder à l'enterrement du Plain-Chant>>

on le retrouve dans un congrès pour la restauration du plain-chant :

dans "Le Ménestrel journal de musique 1860" : CONGRÈS pour la restauration du Plain-Chant et de la musique religieuse. 2ème séance préparatoire tenue à Paris, le vendredi 3 août 1860, dans les salons d'Érard, rue du Mail, 13 : don de 500 fr. pour se faire pardonner une publication peu appréciée ?
<<...Ensuite il annonce à l'assemblée que M. l'abbé Clergeau, membre du Congrès, a versé entre les mains du trésorier, à titre de don et sans affectation spéciale, une somme de 500 fr. L'assemblée charge le bureau de transmettre à l'abbé Clergeau l'expression de sa vive reconnaissance.>>

<<...Après une discussion à laquelle prennent part MM. Allier, Pelletier, de la Fage, d'Ortigue, Dhibut, Schmitt, Calla, Gautier, Arnaud, de Geslin, Jules Bonhomme et autres, il est résolu que le bureau exprimera à M. l'abbé Clergeau l'étonnement qu'a causé à l'assemblée la lecture du prospectus, bulletin n° 41, attendu que dans cette publication, où M. Clergeau excipe de sa qualité de membre du Congrès, l'idée mère du Congrès est totalement dénaturée. Le bureau est également chargé de prier M. l'abbé Clergeau d'insérer dans le bulletin le plus prochain une rectification, et de lui donner l'assurance que le Congrès, pour la restauration du pain-chant et de la musique d'église, ne peut que se montrer fidèle à son nom...>>

 

on rencontre également l'abbé Clergeau dans diverses autres publications :

MONOGRAPHIE UNIVERSELLE DE L'ORPHÉON SOCIETES CHORALES Librairie Ch, DELAGRAVE, 15, rue Soufflot, Paris. <<1856. — J. Simon ( -1868) eut l'idée de mettre au concours, entre les instituteurs de France, un mémoire traitant des deux points suivants : 1° Quelle peut être l'influence du chant choral et de la musique sur les populations rurales? 2° Qîiels sont les meilleurs moyens d'en favoriser la propaç/ation? Le prix offert consistait en une médaille d'argent et une somme de deux cents francs. Quantité de manuscrits très minutieusement élaborés parvinrent. Une commission d'examen formée de Delsarte, président; Félicien David, Delaporte, Elwart, Antony Béraud, l'abbé Clergeau, L. de Rillé, Giuseppe Danièle, F.-J. Simon, Vauthier d'Halluvin et Camille de Vos, membres, fut chargée de les compulser.>>

7 octobre 1860 JOURNAL DES INSTITUTEURS 3ème année n°41
<<...ne se trouveront désormais que chez leur auteur, M. JOUAN, instituteur à CARO (Morbihan), les livres ci-après (vivement recommandés par M. l'abbé CLERGEAU) et dont il sera, sous peu, parlé avantageusement dues ce Journal. Le prix en a été réduit en faveur de MM. les Instituteurs : 1° Recueil de Mélodies d'église, 40 centimes, au lieu de 1 fr. (4 fr. la douzaine.) 2° Nouvelle Messe, 20 c, au lieu de 60 c. (2 fr. la douzaine.) 3° L'Art d'accompagner le Plain-Chant, 1 fr., au lieu de l fr. 50c. 4° Méthode d'Orgue-Transpositeur, 1 fr. 80 c, au Heu de 2 fr. 50 c, Payer en timbres-poste, si l'on veut.>>

« Le journal nouveau contribua encore très effectivement à la formation nécessaire d'un répertoire national, par l'ouverture périodique de concours de composition musicale qui procurèrent à de nombreux compositeurs populaires l'occasion de mettre en lumière leurs talents spéciaux et otlrirent ainsi aux sociétés un large choix d'œuvres nouvelles écrites dans une note répondant à leurs aptitudes particulières. « Sur la fin de 1861, Delaporte abandonna la direction et la propriété de son journal à quatre de ses plus fidèles collaborateurs et soutiens : F.-J. Simon, déjà rédacteur en chef; P. Torchet, directeur-inspecteur des orphéons de Seine-et-Marne; F. de Marie, pianiste-compositeur distingué, et l'abbé Clergeau. » (Ab. Simon.)

"l'univers musical" dédicace de Fessy 1er janvier 1856

 

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l'inventeur, les brevets

les recherches de mécanismes à adpater aux instruments fabriqués par la maison Alexandre se faisaient dans son luxueux appartement du 28 rue des Tournelles (Hôtel particulier de Sagone où résida Ninon de Lenclos), ce qui occasionnait des nuisances sonores insupportables pour les voisins qui lui firent un procès ! Dans la "gazette des tribunaux, aout 1853", l'avocat des propriétaires y résidant , indiquait que <<les transformations harmoniques subies incessamment par les nombreuses orgues voiturées sans relâche de l'appartement de M. l'abbé Clergeau aux ateliers de ses facteurs, et vice-versa, avaient converti cette habitation célèbre par ses souvenirs historiques, en une véritable maison de commerce...>> s'agissait-il de melodium Alexandre, livrés chez lui pour y adapter son transpositeur et sa plaque ? On trouve aussi la description de mécanismes, qui superposés au clavier, permettaient de réaliser des accords tout faits pour l'accompagnement des chants. La mise au point de ces mécanismes, devait mettre les oreilles de ses voisins à rude épreuve, pour qu'ils saisissent la justice!


l'hôtel de Sagonne 28 rue des Tournelles, et la façade boulevard Beaumarchais

le transpositeur

les prémisces (Roller, Blanchet, Muller...) : ce dispositif bien connu de nos jours est sans doute apparu bien avant le dépot de brevet, et sous plusieurs formes (dans le système de Roller, le clavier se déplaçait latéralement sous les cordes d'un piano...);

on lit par exemple dans le Courrier des Alpes du 25 mars 1862 :
<<Vous savez quelle, vogue ont aujourd'hui les harmoniums, et quel immense service, malgré leur grande infériorité vis-à-vis des orgues, ils ont rendu à la musique religieuse. Vous savez aussi le bruit qu'on a fait en France, au sujet du clavier-transpositeur et le parti qu'a tiré de cette, invention M. l'abbé Clergeau, dont je ne méconnais point les mérites. Et bien, M. Reydet, avant qu'aucun harmoniun existât encore dans notre pays, et par la seule étude d'un accordéon, n'avait pas seulement imaginé et fabriqué en entier, à lui seul, deux harmoniums dont le dernier est de cinq ou six jeux complets et des plus puissants, mais il y avait encore appliqué le mécanisme d'un clavier-transpositeur. Je puis attester d'avoir vu tout cela chez ce bon curé de Viuz-Faverges, dont l'hospitalité était des plus cordiales et d'avoir touché son clavier-transpositeur, bien des années avant que les journaux français nous eussent parlé de la découverte de M. l'abbé Clergeau et de son brevet d'invention. Comme il est juste de rendre à chacun ce qui lui appartient, ne fût-ce que dans l'intérêt de l'histoire de l'art, j'espère, monsieur le directeur, que vous voudrez bien accueillir ces petits détails qui sont honorables pour notre Savoie et que vos abonnés, j'aime a le croire du moins, ne liront pas sans quelque, satisfaction. J'ai l'honneur d'être, etc. L'abbé G.-F. PONCET>>le courrier des alpes, 25 mars 1862 (www.memoireetactualite.org)

mais c'est sans doute après le dépot du brevet en 1845, et l'application aux harmoniums, (accord avec la maison Alexandre), puis aux orgues que ce système va se généraliser jusque dans les plus petites paroisses; on notera que ce qui est appelé "orgue transpositeur" dans les publications, est en fait un harmonium à clavier transpositeur. Les harmoniums "Clergeau" étaient exposés dans ses locaux, mais de même que pour les orgues qui nous préoccupent, ne s'agissait-il pas d'instruments sous-traités, et revendus sous la marque Clergeau, en raison de la présence du clavier transpositeur?

réf. BNF Gallica ....... http://harmonium.forumactif.org/

-dans les compte-rendus du procès en contrefaçon que Debain fit à Alexandre entre 1840 et 1845, portant notamment sur l'appellation "harmonium", on lit dans la gazette des tribunaux de juillet 1858 :
<<l'abbé Clergeau s'est mis à la tête d'une grande exploitation d'orgues, et répand ses prospectus (et quels prospectus!) à un nombre effroyable au moyen d'une licence qu'il a obtenue du ministère des finances et qui l'affranchit du droit de timbre.Mr l'abbé Clergeau a des rapports d'affaire avec Alexandre, et sous le couvert de l'abbé Clergeau, Alexandre fait prôner ses instruments, auxquels il donne en ce cas avec une sécurité apparente, le nom d'harmonium....>>
-gazette des tribunaux de février 1859 :
<<...l'abbé Clergeau n'est ni l'agent, ni le représentant de la maison Alexandre, mais bien un client acheteur...les instruments qui lui ont été livrés, ou l'ont été à des tiers par ses ordres, ses clients personnels, lui ont été vendus à lui-même...>>
<<l'abbé Clergeau s'est mis en communication avec les membres du clergé pour la fourniture d'orgues à bon marché pour les églises de campagne. Il a sa maison séparée, ses prospectus; s'il prend le nom harmonium, Mr Alexandre n'y est pour rien. A Mr Debain de le poursuivre si cela lui convient...>>

afin de diffuser largement les bienfaits de son invention, il propose
<<Nota 1°) : "...de se rendre lui-même dans chaque chef-lieu, à l'époque des retraites, s'il y est autorisé... Mr le Ministre des Cultes, à peine informé du travail de l'auteur, a de suite commis l'un des plus grands organistes de la capitale Mr Simon ... inspecteur des orgues de toutes les cathédrales de France, pour examiner le mécanisme de Mr Clergeau. ... Mr le Ministre des Cultes qui, sans aucun doute en recommandera l'emploi aux respectables chefs des diocèses, ... ".>> Mécanisme musical transpositeur pour orgue et piano par Mr Clergeau, Sens imprimerie Thomas-Malvin 1845

et il est précisé ensuite :
<<Nota 2°) : " Le prix des orgues expressives Melodium, avec transpositeur, variera de 150 à 750 fr. Les moins forts produisent un effet suffisant pour les églises ordinaires de la campagne>>( note : l'orgue Melodium est fabriqué par la maison Alexandre.)

En prétendant pouvoir former un "organiste de campagne" en quelques semaines, grâce à son invention, l'abbé Clergeau va sans sûrement trop loin, et provoque des réactions assez vives :
dans la Revue de la Musique religieuse, populaire et classique fondée et dirigée par F. Danjou organiste de la métropole de Paris. (Paris, rue Saint-Maur-Saint-Germain, 17. 1845) Première année 1845 pp ; 175-179 : (I mai 1 13/1845) « Mécanisme musical transpositeur pour orgue ou piano, par M. Clergeau, curé de Villeblevin, diocèse de Sens(yonne) ses effets sur l'orgue et sur le piano, ses conséquences dans le monde musical suivi d’une lettre appréciative de Mrg. L’Archevêque de Sens; d’une lettre de M. l’inspecteur de l’instruction primaire; d’un rapport fait à M. le ministre des cultes par M. Pollet, organiste-accompagnateur de Notre-Dame de Paris. ... voici en peu de mots en quoi il consiste : M. Clergeau a inventé un mécanisme pour opérer sur un clavier la transposition dans tous les tons. En fait, ce mécanisme peut être ingénieux, il petit être utile dans quelques cas, et déjà MM. Roller et Blanchet, facteurs célèbres de piano, en ont fait l’application il y a plusieurs années. Je ne sais en quoi la découverte de M. Clergeau diffère de celle de M. Roller; le moyen importe peu, le résultat est le même ... ... Mais il ne s’arrête pas là, et dans un prospectus pompeux, dont on a lu le titre en tête de cet article il annonce la prétention d’accomplir un progrès immense, de changer la face du chant religieux en France, à l’aide de cette découverte. Il suffira d’acheter à M. Clergeau un orgue, une méthode de plain-chant, une méthode de musique, il donnera son mécanisme par-dessus le marché, et tout sera sauvé, l’art, le culte, la religion. ... >>
cité par Robert Martin dans "les ateliers de l'abbé Clergeau" le monde de l'orgue http://monde-orgue.cutureforum.net

in étude de Maurice Rousseau site http://www.plenumorganum.org/

 

à l'occasion de l'exposition universelle de Paris de 1855 et du rapport publié par François-Joseph Fétis, on apprend que grâce au "concours actif du clergé", il a pu placer un très grand nombre d'instruments (harmoniums à transpositeur), et que cela a rapporté "trois millions" en l'espace de quatre années...
<<La transposition sur l’orgue par un moyen mécanique a beaucoup préoccupé les facteurs il y a environ dix ans, parce que son utilité est fréquente à l’église, en raison des voix qui composent le choeur, et parce que le diapason actuel n’est plus celui de l’orgue ancien. [27] M. l’abbé Clergeau, aujourd’hui chanoine de Sens, produisit, en 1845, un mécanisme de ce genre appliqué aux orgues à anches libres, et obtint un succès dont il n’y a pas d’exemple, par le grand nombre d’instruments de ce genre qui lui furent demandés. Le concours actif du clergé lui a procuré le placement de ses orgues dans les plus petites communes. Tel a été l’appui que son entreprise a trouvé partout, que, dans le court espace de quatre années, la vente de ses instruments a produit trois millions. M. l’abbé Clergeau a rendu de véritables services au culte, ainsi qu’à la musique, en répandant le goût du chant accompagné, là où il était inconnu, et faisant connaître le chant de l’harmonie à des populations qui n’en avaient pas même l’idée...>> François-Joseph FÉTIS Exposition universelle de Paris, en 1855 Fabrication des instruments de musique Rapport Exposé historique de la formation et des variations de systèmes dans la fabrication des instruments de musique IIIe SECTION 1re Partie Orgues d’églises et de chapelles page 39 Études et documents en ligne de l’IRPM

mais aussi : <<...Parmi les instruments soumis à l’examen du Jury de la XXVIIe classe, celui que M. Théodore Nisard, ancien organiste de Paris, a exposé, a fixé son attention. L’auteur l’annonçait comme un nouveau système d’orgue, avec un nouveau clavier qui transpose instantanément, sans aucune préparation, et d’une manière tout à fait distincte, la musique moderne et le plain-chant. Cet instrument devrait donc inspirer de l’intérêt au Jury, sous le rapport de la sonorité, comme sous celui de la transposition, qui doit être en effet très-différente dans le plain-chant de ce qu’elle est dans la musique moderne...>>

<<Ces deux difficultés qui, à d'autres temps, auraient pu être insolubles, ne le sont point dans l'état actuel de l'art. Est-il quelqu'un , en effet, qui puisse ignorer encore les prix si réduits auxquels on peut obtenir aujourd'hui des orgues, surtout depuis qu'on y a substitué l'harmonium? Quelle est la paroisse qui ne pourrait réunir 500 fr., par exemple, pour acquérir au moins un orgue-lranspositeur de M. l'abbé Clergeau? Dans les trois quarts des communes , pour arriver là, il suffirait de le vouloir>> www.memoireetactualite.org le courrier des alpes 22 décembre 1855

forum harmonium http://harmonium.forumactif.org/
(l'orgue transpositeur est en fait un harmonium à clavier transpositeur)

l'invention est citée dans "l'histoire chrétienne des diocèses deFrance, de Belgique, de Savoie et des bords du Rhin Paris (1855 Clavel de Saint-Geniez : <<Les orgues ... aujourd'hui, les plus petites villes en ont : et un grand nombre de simples paroisses rurales s'imposent le sacrifice de s'en munir afin de procurer les charme de sa musique aux modestes paysans qui assistent aux offices. Cet usage se répand de plus en plus depuis que Monsieur l'abbé Clergeau, chanoine de Sens, y a introduit le précieux perfectionnement du transpositeur: au moyen duquel, avec quelque attention, toute personne intelligente, peut facilement en faire sortir les principales mélodies des solennités religieuses...>>

le "symphonista" de l'abbé François Guichené bénéficiera aussi de l'invention de Clergeau
journal "l'univers musical" Paris Bruxelles 1er Janvier 1856

CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. VINGT-CINQUIEME SESSION. Auxerre, chef-lieu du département de l'Yonne, du 1er au 5 septembre 1858 ...
LISTE ALPHABÉTIQUE DES MEMBRES DU CONGRÈS SCIENTIFIQUE... CLERGEAU (l'abbé,) à Paris...
RAPPORT DE LA COMMISSION NOMMÉE PAR LE CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE POUR EXAMINER L'EXPOSITION DE l'INDUSTRIE DU DÉPARTEMENT DE L'YONNE.<<dans la salle n°9...Un piano à articulation améliorée, présenté par M. Viollet, un buffet en chêne sculpté de M. Bigot, l'orgue transpositeur si bien connu et si apprécié de M. l'abbé Clergeau, un excellent orgue d'église de M. Chazelles, d'Avallon, remarquable par la simplicité de sa construction et la puissance sonore et harmonieuse de ses jeux...>>

autres brevets :

-brevet anglais (caster wheel ?) (traduction incertaine: roulettes? roulements? à rapprocher de l'invention de l'abbé François Guichené (roulement à cylindre ou "boite à chapelet" destiné à améliorer le balancement des cloches)
<<1648. And to Michael Henry, of 84, Fleet-street, in the city of London, Patent Agent, for the invention of " improvements in the construction of a certain description of castor, and in apparatus for manufacturing certain parts of such castors, which apparatus may also be applied for producing rounded bodies for other purposes." — A communication to him fromabroad by Jean Baptiste Germain Clergeau, of 33, Boulevard Saint Martin, Paris, France. On their several petitions, recorded in the Office of the Commissioners on the 27th day of June, 1861. >>page 2965 The London Gazette 19 juillet 1861

-brevet bec de gaz
dans la "Revue anecdotique des excentricités contemporaines" (1er sem. 1860 nouvelle série tome 1er ) on lit page 178 à 180 que <<Mr l'abbé Moigno, rédacteur du savant magazine Cosmos"mit l'inventeur [le frère Joachim] en rapport avec l'abbé Clergeau, qui ... apporta les fonds nécessaires, et mit son exploitation en pleine prospérité, après en avoir confié l'administration à un de ses parents.>>...
<< Enfin, Mr l'abbé Clergeau, parait disposé à seconder de ses capitaux, tout invention nouvelle reposant sur des choses sérieuses. C'est ainsi qu'il vient de faire des affaires d'or avec le frère capucin Joachim, inventeur d'un nouveau bec de gaz qu'on peut admirer à la bibliothèque Sainte-Gènevieve ... le bec susdit économise 40% de combustible... Ici Mr l'abbé Clergeau donne tout l'essor à sa causticité : " nous avons trouvé dit-il qu'il y avait du piquant à voir un capucin donner de la lumière à notre siècle!">>

mais il va plus loin dans sa réponse, s'éloignant assez du style de la "vie de Chateaubriand" ...

<<Aussi ferons nous tout ce qui dépendra de nous pour faire ressortir un fait aussi remarquable et pour l'opposer aux inutilités verbeuses, ne produisant jamais rien de bon, de cette foule d'écrivassiers et de bavards qui ne songent qu'à attaquer, à détruire... >>

et l'auteur de l'article de conclure :<< on voit que Mr l'abbé Clergeau en vrai banquier n'oublie personne dans le règlement de ses comptes ... >>

-selon la Gazette des tribunaux de février 1860, constitution d'une société en nom collectif entre M. Hippolyte Monier (1808-1875, inventeur, notamment d'un bec de gaz économique, demeurant à Paris, 5 rue du Grands Chantier, enterré au Père-Lachaise) et de M. jean-baptiste-Germain Clergeau, (Paris, 28 rue des Tournelles) pour l'exploitation et la vente des brevets appartenant à Mr Monier, pris ou à prendre...
<<...les dits brevets ayant pour objet un bec de gaz dont les avantages, celui entre autres de donner une économie de combustible de trente pour cent, sont énumérés auxdits brevets. La raison et la signature sociales seront : MON1ER et ?. Chacun des associés aura la signature sociale, mais ne pourra s'en servir que pour les affaires de ia société, et pour les opérations ne dépassant pas cinquante francs ; au delà de cette somme de cinquante francs, la signature des deux associés sera nécessaire, pour la validité des engagements. A l'article 3, M. Clergeau s'est réservé le droit de substituer en son lieu et place, sous sa responsabilité M. Emile CLERGEAU, son parent, ou tout autre, pour la signa ture sociale. Par procuration, en date du premier février mil huit cent soixante, enregistré le premier lu même mois à Paris, folio 40, case S, par le receveur, qui a perçu deux francs vingt centimes, décime compris, M. Jean-Baptiste-Germain Clergeau usant de cette faculté, donne pouvoir à M. Emile Clergeau de le remplacer pour la signature sociale dans les conditions et limites fixées par l'acte de société, lequel pouvoir aura son effet à partir du premier juin mil huit cent soixante. Le siège de l'établissement social est établi à Paris, rue du Grand-Chantier, 5. La durée de la société est fixée à douze ans, à par tir du premier février mil huit cent soixante. Pour extrait : Approuvé : Lu et approuvé, etc..>>

il est clair que le personnage s'est enrichi, et brasse maintenant au moins autant d'affaires que de littérature; d'autant que précédant ce qui vient d'être cité, on lit page 177 de cette même "Revue anecdotique des excentricités contemporaines" que
<< ... Mr l'abbé Clergeau, ancien aumonier etc..publie depuis quatorze années un Bulletin financier destiné à indiquer à ses vénérables collègues les placements de fonds qu'il croit les plus avantageux par son entremise...>>

depuis quatorze années, soit depuis 1846, c'est-à dire dès après le dépôt du brevet du mécanisme transpositeur, et à l'époque de son accord avec la maison Alexandre...est-ce à dire que le succès de cette "invention", ou surtout de sa diffusion massive, compte tenu de ses appuis dans le clergé, auprès du ministre des cultes, et peut-être même du ministre de l'instruction publique, l'a conduit à profiter de ce "réseau" pour se forger une clientèle pour des placements prometteurs ? Plusieurs fois, les évêques ont du remettre de l'ordre dans ce qui a été appelé du "trafic de messes" ou d'indulgences (commandes massives de messes par des congégations plus ou moins complaisantes...), les sommes collectées dans ce but n'étant pas toujours affectées au repos des âmes...

c'est cet aspect "homme d'affaire" sera évoqué plus loin, et qui le conduira avec ses associés, à la faillite et à la condamnation en correctionnelle


...

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les orgues Clergeau

faisons une parenthèse dans la vie riche en évènements de l'abbé Clergeau, pour s'arrêter sur ces instruments qu'il a réussi à placer de la Corse à la Belgique, et soyons lui reconnaissant d'avoir choisi des facteurs compétents qui ont su réaliser des orgues, dont un grand nombre fonctionne encore, après restauration, certes, mais quel orgue peut traverser un siècle et demi sans de nécessaires travaux d'entretien ou de remise en état ?

nous ne dirons rien par contre des harmoniums avec transpositeur, largement décrits par ailleurs (www.harmonium.forumactif.net, www.harmonium.fr, etc...) même si on peut penser que leur commerce est pour une part importante dans l'enrichissement de l'abbé Clergeau (rappelons que la production des grandes manufactures d'harmonium s'est élevée à plusieurs centaines de milliers d'instrument !)

la facture des "petites orgues de campagne" après 1830

les caractéristiques des orgues Clergeau ont peut-être en fait leurs racines dans les courants de la facture parisienne autour de 1830 ; c'est ce qui ressort de la communication de Philippe Hartmann lors du Symposium sur les grandes dynasties de facteurs d'orgues Lorrains :
<<...En gros, cela a surtout donné les instruments à mécaniques à bascules et à éventail, avec des layes qui n'ont plus de boursettes mais des fils traversant une plaque de métal. On abandonne également les ressorts libres sur une des branches, que les Callinet ont conservé, et on adopte les ressorts à pincettes, à 2 pointes qui rentrent dans un trou, tant dans la soupape que dans le guide. Tous ces petits détails montrent un goût pour une nouvelle mécanique, nécessairement attachée à des claviers à bascules, faisant oublier la mécanique suspendue précédente. C'est là qu'on s'aperçoit que les Callinet ont conservé un type de construction archaisant. Les facteurs "modernes" de 1830 feront donc ce type d'orgues de campagne; certains sont signés de Stoltz, d'autres ont été répandus par l'abbé Clergeau. Souvent, ces instruments portent des noms de revendeurs; en FrancheComté, un nommé Henry, marchand de piano, a signé beaucoup d'orgues sans en construire un seul. C'est souvent difficile de savoir qui les a vraiment construits, et je me suis demandé si tout cela ne venait pas d'un des frères Verschneider, qui devait fournir beaucoup de ses collègues. Les Verschneider ont très bien pu travailler à Paris et aussi centraliser une construction chez eux, qui a pu être revendue par des relations parisiennes ou par des amitiés avec d'autres facteurs.
..>> Fédération Française des Amis de l'Orgue - Orgues en Lorraine-Mosellane - Symposium Les grandes dynasties de facteurs d'orgues Lorrains (Ed Organa Europae BP16 88101 SAINT-DIE CEDEX) extrait de : COMMUNICATION de M. Philippe HARTMANN St-Avold Samedi 9 Juillet 1988.

Ed Organa Europae BP16 88101 SAINT-DIE CEDEX

c'est par exemple le cas de l'orgue de St-Pierre de Limours, construit par les frères Damiens (Eure) en 1865, dans lequel on retrouve un certain nombre de ces caractéristiques : mécanique à balancier en éventail, bourdon tout en bois, avec lèvre inférieure en chêne et manchons trapézoïdaux, doublette et dessus de hautbois . <<Il représente un courant de facture un peu « archaïsant » à une époque où se développent des méthodes de construction nouvelles. Les Frères Damiens avaient préféré recourir à des techniques éprouvées depuis longtemps.>> conclut Pierre Dumoulin (inv77 Klincksieck éd.). Ou encore l'orgue de l'église de Montpon (Dordogne), attribué "sans doute à Leymarie et Trouillet, anciens élèves de Callinet" (site des amis des orgues de Montpon) dont la première composition était : Montre - Bourdon - Prestant - Nazard - Doublette - Tierce - Basse de Clairon et Dessus de Hautbois, montre, prestant et anche coupés en B et D). On pourrait ainsi multiplier les exemples et trouver à travers la France de nombreux petits instruments possédant ces caractéristiques.

et en effet, on retrouve dans les orgues Clergeau la mécanique à bascule en éventail (mécanique anglaise) moins complexe à mettre en oeuvre qu'une mécanique suspendue avec son abrégé, la plaque de métal percée qui tient lieu de boursettes etc... qui caractériseront donc cette "nouvelle facture" (Verschneider Abbey); le renouveau liturgique et le besoin de petits instruments adaptés aux églises de campagne ou aux paroisses modestes fera le reste : l'abbé Clergeau a certainement pressenti un "marché", et l'idée d'adapter un clavier transpositeur qui facilitera le travail d'un organiste aux compétences modestes lui permettra de placer ses orgues de la Belgique (Vinalmont, Wallonie) à la corse...

 

un revendeur et un (ou des?) sous-traitants...

les caractéristiques particulières sont bien résumées dans les inventaires du Limousin (Robert Martin) et des Vosges (Christian Lutz), qui parlent de Clergeau en tant que "revendeur" des instruments fabriqués par Auguste Alizant :
<<- construction attribuable à "l'école de Mirecourt", mais achetée auprès d'un "revendeur" (Clergeau ?, Le Logeais ?) pour les églises de Felletin et Vallières. Pour l'église de Bourganeuf, bien que le buffet soit identique aux instruments sus-nommés, la partie instrumentale possède des éléments plus anciens. Nous sommes ici en présence d'un revendeur, chanoine honoraire de la cathédrale de Sens, ancien aumônier de M. de Châteaubriand, 28 rue des Tournelles, à Paris, également rédacteur et directeur du Bulletin de Musique Religieuse. Les archives de la cathédrale de Sens, en 1852, font état à l'occasion de la construction d'un orgue de chœur, de M. l'abbé Clergeau, curé de Villeblevin, inventeur du clavier transpositeur et connu avantageusement dans le monde artistique, qui fait don de 5 000 F pour la réalisation du projet. Mais c'est sans doute vers les Vosges et l'école de Mirecourt qu'il faut se tourner pour trouver le fournisseur de ce prêtre, dont les instruments possèdent de grandes similitudes avec la facture des Callinet de Rouffach. Les recherches effectuées par Christian Lutz sur les facteurs d'orgues vosgiens, nous apportent de précieux renseignements. En effet ont retrouve un facteur d'orgues Auguste Alizant (1824-1870), fils de facteur d'orgues, qui épouse en seconde noce vers 1853, une demoiselle Jeanne-Alexandrine Clergeau. Les archives du Tribunal de commerce de Mirecourt font d'ailleurs état en 1867 de la faillite de Clergeau et Alizant à Paris. Le chanoine assure donc la commercialisation de ce que fabrique Alizant, les aléas d'un mariage ont donc créé une association quasi familiale, et le religieux usera de ses titres de chanoine et l'aumônier de Chateaubriand, pour se créer une clientèle dans toute la France, puisque de nos jours encore on rencontre dans un grand nombre de départements de petits instruments au buffet si caractéristique. >> Inv.Limousin 1993 ASSECARM EDISUD

<<...De fait, les orgues construits par Auguste Alizant dans les Vosges (Aouze et Saint-Elophe), commandés à Jean-Baptiste Alizant, montrent d'étonnantes similitudes avec les orgues de Clergeau, au point que l'on peut se demander si les orgues signés Clergeau n'étaient pas fabriqués par Alizant à Mirecourt, l'abbé Clergeau n'en assurant que la commercialisation. Les déplacements d'Auguste Alizant à Tours en 1850, au Havre en 1851, à Auxerre en 1854 (où lui naquit une fille, Lucie, qui mourut à Mirecourt en 1856), pourraient peut-être aider à identifier son travail. Les archives du tribunal de commerce de Mirecourt font état en 1867 de la faillite de Clergeau et Alizant à Paris, qui étaient alors en affaire avec Didier Poirot....>> inv.Vosges

 

le(s) buffet(s) ................... .........

Pratiquement identique pour tous les instruments, on retrouve une façade en chêne, le reste en sapin, le plafond en toile, mais le trait le plus original, et sans doute le coup de maître "commercial" a été de faire en sorte que tous ces instruments soient immédiatement reconnaissables : on retrouve toujours dans les modèles "classiques" la plate-face de 13+1+13 soit 27 tuyaux du prestant, encadrée de deux tourelles de 5 tuyaux. Si on détaille chaque façade, on s'aperçoit en fait que les culs-de-lampe ne sont pas tout à fait identiques, que le feston sculpté sous l'entablement reprend quasiment le même motif, mais avec des variantes d'un instrument à l'autre, les tourelles sont surmontées ou non de pot à feu... certains instruments ont été bien sûr plus ou moins transformés, mais ces caractéristiques restent : même si plusieurs facteurs en sont les auteurs, cela reste un orgue "Clergeau" !

Le buffet "gothique, lui reste rigoureusement identique d'un instrument à l'autre. Pourquoi une telle montre dans des instruments se voulant à la portée de toutes les petites paroisses ? S'agissant du prestant de quatre pieds, le surcoût était sans doute raisonnable. Pourquoi un seul tuyau écussonné au centre ? Il est assez rare de trouver des orgues de petite importance avec une telle plate-face centrale ; en se laissant aller à quelques élucubrations, on peut remarquer qu'il y a 27 lettres dans le prénom complet Jean-Baptiste-Germain-Clergeau : est-ce une signature ? Il y a aussi 27 livres dans le Nouveau Testament; les deux tourelles représentent-elles les deux colonnes qu'on retrouve dans les temples maçonniques ? On trouve toute sorte de symbolique attachés à certains nombres (13, 27, 37...) soit en rapport avec l'Histoire Sainte, soit d'ordre mathématique . Ainsi 3 × 37 = 111, 6 × 37 = 222, 9 × 37 = 333 etc...

On aura compris qu'en cherchant un minimum, on peut associer facilement un brin d'ésotérisme à cette façade ! Mais pour les quatre buffets gothiques, rigoureusement identiques et d'apparence un peu lourde, on retrouve deux tourelles de 3 tuyaux, et une plate-face centrale de 11+1+11 tuyaux, soit 23 tuyaux. Et bien entendu, les nombres 11 et 23 sont riches en significations symboliques... Et ce grand triangle n'a-t-il aucun rapport avec le compas ouvert du Grand Architecte ?

Arrêtons là les supputations, l'abbé Clergeau était sans doute plus homme d'affaires que cabbaliste : il fallait que la façade soit immédiatement remarquable et reconnaissable, quoi de plus pour attirer l'oeil et donner envie qu'une belle surface d'étain poli ? Je ne peux m'empêcher de le rapprocher de manière pragmatique d'une phrase entendue à propos de certaines voitures allemandes bien connues: "même un paysan du Danube doit pouvoir les reconnaître du premier coup d'oeil !" ... Et c'est bien le cas pour les orgues Clergeau, un siècle et demi plus tard ! On lira également avec profit la description et l'inventaire détaillé réalisé par M. Rousseau figurant dans le site www.plenumorganum.org ;

à propos des buffets, il faut enfin citer pour l'anecdote, la confusion de Norbert Dufourq, qui dans son monumental ouvrage "Le livre de l'orgue Français, tome II: le buffet" N.Dufourq (Picard 1969) attribue la construction de ces orgues au siècle précédent... Comme il le dit lui-même, il lui était impossible de vérifier partout l'origine de tous les instruments.


<<page 184 :En revanche, nous ne pensons pas devoir nous appesantir devant des meubles - fussent-ils datés, ceux-là - de peu de valeur intrinsèque. Nous ne pouvons de même nous arrêter à ces petits positifs de 5 à 6 jeux, nombreux dans nos églises de campagne et qui témoignent de l'intérêt porté par des populations rurales (2) au roi des instruments sous le Bien-Aimé. L'un de ces spécimens, représentatif du simple positif à deux tourelles de 4 pieds entourant une plate-face unique, se trouve à Chantérac (Dordogne). Quelques draperies en guise de claires-voies à l'extrémité des tourelles, et un large fronton orné de volutes et feuillages dominant les tuyaux du compartiment central, c'est à quoi se réduit le décor de ce petit meuble (3). .... ..... (3) Même structure, mêmes proportions, même décor au positif de Montpon-sur-l'Isle (Dordogne), hélas! défiguré par le facteur contemporain qui a flanqué sa façade de gros tuyaux... d'aluminium. .... page 255: ... (1) Il est particulièrement intéressant, et peut-être unique en France, de découvrir côte-à-côte - à 15 km de distance - deux buffets d'orgue jumeaux, conçus sans doute par un même architecte: ceux de Thieux et de Chaumesen- Brie. Ils comportent l'un et l'autre une plateface unique de vingt-sept tuyaux avec des bouches à l'horizontale, flanquée de deux tourelles de cinq tubes, le tout pris sous un même entablement. Une claire-voie de feuillages branchus à double ou triple volute avec bouquet de fleurs terminal vient couvrir la partie supérieure de la plate-face. En guise de décor, les cinq tuyaux de chaque tourelle se trouvent enrobés dans une draperie aux plis relevés par une cordelière à pompons. Sur l'entablement, le sculpteur a placé un motif triangulaire avec palmes chantournées, qui sert de support à une croix. Des pots à feu somment les tourelles. Des jouées pleines avec guirlandes et volutes à feuilles délimitent les parois latérales du petit meuble.>>

il a cependant le mérite de souligner la parenté de ces buffets avec le petit positif se trouvant dans la chapelle du Saint-Sacrement de l'église Saint-Merry de Paris (y-est-il encore?) sur lequel on retrouve ces mêmes éléments de décor mais avec une plate-face de 13 tuyaux seulement
Le livre de l'orgue Français, tome II: le buffet" N.Dufourq (Picard 1969)


la composition

dans l'inventaire des orgues du Limousin 1993, Robert Martin poursuit :
<<Dans le numéro 32 (13ème année) du Bulletin de Musique Religieuse , il est question d’orgue transpositeur (système de M. l’abbé Clergeau, Brevet d’Invention S.G.D.G. du 14 avril 1845), et d’orgues à tuyaux : « … Le clavier peut être placé devant ou derrière – un système d’accouplement remplace avantageusement les pédales – une bascule qui s’ouvre d’un coup de genou, donne le plein jeu. Il peut y avoir un buffet à tourelles ou gothique, avec tuyaux de montre parlante en étain brillant et poli – commander trois ou quatre mois à l’avance.
- 4 jeux, bourdon, prestant, doublette, flûte, 2 mètres 40 sur 1 mètre 80 1.200
- 5 jeux, bourdon, prestant, doublette, nazard, mi-clairon, mi-hautbois, 2 mètres 50 sur 1 mètre 90 1.500
- 5 jeux ½, bourdon, prestant, doublette, dessus de flûte de 8 pieds, nazard, mi-clairon, mi-hautbois, 2 mètres 60 sur 1 mètre 95 1.700
- 6 jeux, bourdon, prestant, doublette, Flûte de 8 pieds, nazard, mi-clairon, mi-hautbois, 3 mètres 1.950
Dans les prix ci-dessus le meuble est en chêne, avec devanture découpée, de très belle apparence – Pour les orgues de plus grande importance 8 et 10 jeux, nous envoyons un devis et un fac-similé du buffet … >>Inv.Limousin 1993 ASSECARM EDISUD

la composition est typique, on retrouve une manière de "positif d'orgue classique" avec un cornet décomposé, sans la tierce toutefois, et une ou deux anches, ce qui donne :

Flûte 8, Bourdon 8, Prestant 4, Doublette 2, Nazard 2 2/3, Clairon-Hautbois 4-8, Trompette 8, et dessus de cornet posté sur les instruments les plus complets.

Les plus petits modèles ne comportent ni flûte, ni trompette, ni cornet, le bourdon en bois assurant la base de la pyramide sonore. Je renvoie au tableau détaillé figurant dans l'étude citée au-dessus; à noter cependant l'existence d'un instrument de quatre jeux (Vinalmont, Wallonie) qui présenterait "une façade d'étain" alors que les plus petits instruments (Marennes Inv.17) ont une façade ouvragée composée de volets de bois découpés.

le petit instrument de 5 jeux que je détaille ici avait la composition suivante (inscriptions au crayon sur les faux-sommiers) :

Bourdon 8, Prestant 4, Doublette 2, Nazard 2 2/3, Clairon-Hautbois 4-8,

de quoi assurer les fonds 8 et 4 pour l'accompagnement des chants, une doublette qui éclaircit la polyphonie, une ébauche de plein-jeu avec l'étagement 8-4-2 2/3-2, et les anches pour donner brillant et solennité à l'ensemble, même si la basse est de 4 pieds, enfin le hautbois peut chanter en solo, et même alterner avec le nazard : le nombre de combinaisons sonores réalisables avec seulement cinq jeux permet de retrouver les principales couleurs de l'orgue classique ! mais les modes évoluent, et le remplacement du nazard par une voix céleste pour les instruments plus tardifs en est sans doute une conséquence, bien dommageable à mon avis...voici à ce sujet la réponse de mai 2016 à un échange de courriers à propos du remplacement du nazard par une voix céleste dans certains instruments :

<<- pour compléter la réponse de Maurice Rousseau qui pense que les premiers instruments comprenaient un nazard, et que c'est plus tardivement qu'on trouve une voix céleste, on trouve dans les inventaires les précisions suivantes : (je reprends les instruments avec voix céleste de son tableau, dans l'ordre chronologique)
-1855 Chateauneuf en Thymerais : remplacement du dessus de cornet par une Voix Celeste, et du nazard par une gambe, par les frères Abbey en 1889
-1863 Chaumes-en-Brie la composition indiquée est B 8, Fl 8, Pr 4, ?, D 2, ?, Htbois8 la voix céleste ne figure pas explicitement dans l'inventaire ; il est par contre intéressant de trouver le prénom "Emile" Clergeau, et mention de son associé "Margaine" de la banque "Clergeau et Margaine", ainsi que les propositions de souscriptions préalables à l'achat des orgues (placements de 1800 F à 5 + 3 %), et achat ultérieur à 2400 F ; mais c'est un autre débat!
-1864 Aouze : dans l'inventaire, l'instrument est commandé à Alizant, avec simple mention de la ressemblance avec les instruments commercialisés par l'abbé Clergeau,
-1866 St-Nicolas la chapelle : (prix d'achat : 5000 F !) plusieurs restaurations, dont Tschanun 1873
-parmi les instruments non datés : Monterblanc (56) installé par Debierre en 1894, qui "récupère du matériel provenant d'un orgue Clergeau" Maxent (35) en provenance de Tinténiac : "Yves Sévère ne replace pas le salicional en mauvais état..."
en conclusion : -le remplacement d'un nazard est avéré dans au moins un instrument de 1855, il n'est pas impossible que ce soit également le cas dans d'autres, ayant subi des transformations, mais nous n'avons pas les dates
-les orgues d'Alizant de Aouze (1864) et Soulosse (88) 1866 comportent bien une voix céleste dès l'origine peut-on donc en conclure que jusque vers 1862-63 on trouvait un nazard, puis ensuite une voix céleste (ou quelquefois un salicional) ? seul un examen plus complet des archives et des instruments pourra préciser la date de la "transition" >>

...

 

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l'homme d'affaires, les sociétés, et la faillite

 

replaçons nous au milieu du XIXème siècle : sous la IIème République, la loi Falloux remet à l'honneur les écoles libres, et permet une mainmise importante du clergé sur l'enseignement primaire. Sous le Second Empire, Napoléon III reste bienveillant envers l'église catholique, ce qui conforte l'influence de l'Eglise, et les prêtres jouent un rôle très important, non seulement auprès des populations rurales, mais aussi auprès de la bourgeoisie. Un grand nombre d'églises de campagne date de cette époque, construites grâce à des dons, des legs, et certains prêtres vont outrepasser leur rôle spirituel et religieux, pour s'interesser davantage à l'aspect financier... de nombreuses congrégations voient également le jour, et les capitaux et les sommes mis en jeux ne laissent pas indifférents certaines personnes.

citons deux personnages avec lesquels on pourrait faire un lointain parallèle : Louis de Coma, né en 1922, curé de Baulou, et Béranger Saunière (né en 1852), curé de Rennes-le-Chateau dont une partie des ressources provenait de "trafic de messes" ou de courtages de dons, c'est à dire la récolte de fonds auprès de paroissiens, ou de congrégations, pour dire des messes (mais en quantité industrielles!) ou faire des retraites spirituelles payantes, pratiques en général condamnées par l'autorité ecclésiastique. Dans les deux cas, sont mises en jeu des sommes importantes, même si on évoque la découverte d'un trésor dans le cas de Béranger Saunière. On parle également de "carnets" ou de "répertoires" de personnes ou congrégations prêtes à donner (ou placer?) de l'argent. Il ne faut pas, bien sûr généraliser à l'ensemble de clergé, mais il est établi qu'on a pu rencontrer de telles pratiques ici ou là.

La commercialisation du mécanisme transpositeur a du permettre justement à l'abbé Clergeau, de se constituer un réseau de correspondants jusque dans les plus petites paroisses : il suffit de consulter l'annuaire des diocèses, puisque chaque paroisse a une église susceptible d'accueillir un harmonium ou un orgue, et un desservant pouvant susciter des dons auprès de ses paroissiens ou de congrégations. De là à proposer, en plus d'un instrument, de bons placements, avec retour spirituel (messes, indulgences) mais aussi plus matériel (il est question de 8% dans certains articles...), il semble que l'abbé Clergeau ait franchi allègrement le pas, et dès 1846!
<< [en 1860]... Mr l'abbé Clergeau, ancien aumonier etc..publie depuis quatorze années [soit depuis 1846] un Bulletin financier destiné à indiquer à ses vénérables collègues les placements de fonds qu'il croit les plus avantageux par son entremise...>>
et ce aidé par une distribution de prospectus, destinés à vanter 1) les mérites de l'orgue-transpositeur; 2) une méthode pour former un organiste en quelques semaines; 3) et sans doute...quelques bons placements avec un bon rendement, comme on le découvre par exemple dans l'inventaire de Seine-et-Marne, (Klincksieck éd.1991) où Pierre Dumoulin rapporte à propos de l'orgue de Chaunes-en-Brie, que la même maison propose service de banque et vente d'orgues :

<<Le conseil de fabrique se réunit en séance extraordinaire le 3 février 1863. Au cours de cette réunion <<Mr le Curé demande la parole et expose que la fabrique ayant actuellement en caisse une somme de mille huit cents francs destinée au paiement de l 'orgue dont l’acquisition a été décidée, il serait à propos de ne pas laisser cette somme improductive; que la dite somme pourrait être placée à la caisse de MM. Émile Clergeau, Marg. .. et Cie au taux annuel de 5 % d’intérêt et 3 % de prime à titre d’œuvre pieuse.
M. le Président, ayant mis la question aux voix, le conseil a pris la décision suivante: 1) la somme de mille huit centfrancs sera déposée à la caisse de MM. Émile Clergeau, Marg... et Cie pour produire intérêt au taux de 5 %, plus 3 % à titre d’œuvre pieuse, jusqu’au premier septembre prochain ».
Au cours de la séance suivante, le 12 avril 1863, réunissant les membres du conseil de fabrique, <<M. le Curé, ayant demandé la parole, rend compte des démarches qu’il a
faites pour l’acquisition d’un orgue. Le conseil se trouvant sufisamment renseigné sur cette question est d’avis que le dit orgue, composé de 7 jeux, soit acheté pour l’église et
charge M. le curé, de concert avec M. And... et M. Martinet de négocier cette affaire avec la maison Clergeau et lui donne toute liberté d’action jusqu’à concurrence de mille
quatre cents francs>>.
La décision du conseil de fabrique est maintenant bien arrêtée et le facteur choisi travaille avec diligence car «le jour de l’Assomption I863, le joli et excellent petit orgue
qui se dresse fièrement et coquettement au milieu de la tribune, commença de se faire entendre, quoiqu’il n’y eût encore qu'une partie de ses jeux disponible. Il fut fait par
M. Alisan (ou Alison?), facteur distingué de la maison Clergeau, rue du Val de Grâce, 18, à Paris. Il a coûté, en place, environ 2 400 francs ».>>(somme bien supérieure à celles évoquées dans ses prospectus, voir ci-dessus "composition", s'agit-il d'une erreur de retranscription?)

l'abbé Clergeau devient alors actionnaire, associé, fondateur de sociétés (société des orgues, société des bonnes Oeuvres), gérant de banque, dirigeant, chef d'entreprise...

-prorogation de la société en nom collectif "Clergeau-Margaine", avec procuration à Emile Clergeau, "parent", dans la gazette des tribunaux du 16 janvier 1864, on lit :

<<au terme d'un acte...intervenu entre : M. Jean-Baptiste-Germain Clergeau, (Paris, 28 rue des Tournelles), Mr Auguste Margaine (Paris, rue St-Gilles, 1x) et M. Emile Clergeau, demeurant à Paris rue Duval, 3, il appert : -que la société en nom collectif existant entre les sus-nommés sous la raison sociale "Emile Clergeau, Margaine et cie", dont le siège est à Paris, rue des Tournelles, 28, et sous le nom générique de Maison de banque-A été [prorogée?] de six années, qui expireront le 31 décembre 1870 -laraison sociale continue à être Emile Clergeau, Margaine et cie-la signature appartient à M. Jean-Baptiste-Germain Clergeau -enfin le siège social reste établi à Paris, rue des Tournelles, 28 >>
cet "Emile Clergeau", auquel on a quelquefois attribué des orgues ou des harmoniums, et désigné dans les actes juridiques comme "parent", apparaît dans cet extrait d'arbre généalogique :
extrait de l'arbre généalogique de la famille Clergeau en lien de parenté avec l'abbé Clergeau le lien de parenté n'est pas connu à ce jour, mais compte-tenu des âges respectifs de chacun, de la confiance qui est placée en Emile, qui obtient procuration pour une "maison de banque", du fait qu'il s'agit du frère de Jeanne-Alexandrine qui épousera Auguste Alizant, l'hypothèse que Emile et J-Alexandrine soient les neveu et nièce de l'abbé ne paraît pas si fantaisiste!

dans l'ouvrage "naissance du patronnat de Jean Lambert-Dansette tome II le temps des pionniers 1830-1880 (L'Harmattan)" au ch.6:
<<"les classes moyennes" l'auteur nous apprend qu'en 1859, la Société des Eaux de Calais, chargée d'amener l'eau issue de sources vers la ville, devient "Clergeau et Cie">>
on découvre également que l'abbé Clergeau était associé à un certain Margaine pour diriger une maison de banque "Clergeau et Margaine" et qu'en 1866, c'est la faillite, les associés sont poursuivis et condamnés, des sommes considérables étant en jeu...

Mais les qualités de gestionnaire et peut-être l'honnêteté n'y étaient sans doute pas, d'où la faillite, et la condamnation qui surviennent bientôt :

-selon la Gazette des tribunaux du 13 juin 1866 : <<Jugement du tribunal de commerce de la Seine du 8 juin 1866, lequel dit : Que le jugement du 30 mai 1866, déclaratif de la faillite des sieurs Clergeau et Margaine, négociants, demeurant à Paris, rue des Tournelles 28, s'applique à la société en nom collectif G.Clergeau et Margaine ayant pour objet les opérations dites de banque et la fabrication et la vente d'orgues, et siège à Paris, rue des Tournelles, 28 pour la maison de banque, et rue du Val-de-Grace, 18 pour la maison d'orgues, ladite société composée de 1° Jean-Baptiste Germain Clergeau, demeurant à Paris rue des Tournelles, 28 ; 2° Auguste-François Margaine, demeurant à Paris, rue St-Gilles, 12, ; déclare en conséquence, en tant que de besoin et comme ayant fait partie de ladite société, en état de faillite ouverte : 1° Jean-Baptiste Germain Clergeau, demeurant à Paris rue des Tournelles, 28 ; 2° Auguste-François Margaine, demeurant à Paris, rue St-Gilles, 12 ; Dit que le jugement vaudra rectification et complément en ce sens du jugement déclaratif de faillite du 30 mai dernier, et qu'à l'avenir les opérations de la faillite seront suivies sous la dénomination qui précède (n°6214 du greffe).>>

-Gazette des tribunaux du 11 octobre 1866 : <<convocations de créanciers...de la société en nom collectif G.Clergeau et Margaine ayant pour objet les opérations dites de banque et la fabrication et la vente d'orgues, et siège à Paris, rue des Tournelles, 28 pour la maison de banque, et rue du Val-de-Grace, 18 pour la maison d'orgues... le 1? octobre à 1? heures>>

extrait de "la grande bohème d'Henri Rochefort 1866"
<< L'abbé Clergeau l'a bien compris lui ; aussi, au lieu de se laisser prendre et envoyer àCayenne, où il eût été peut-être obligé de violer, comme condamné, le vœu de célibat qu'il avait fait, comme prêtre, est-il parti subitement pour l'étranger, en allégeant ses actionnaires de la Société des bonnes œuvres: d'une somme de cinq millions qui les gênaient, il faut croire, et qui les gêneront bien davantage, maintenant qu'ils ne les reverront plus. J'ajouterai que les porte-monnaie compromis dans cette culbute ne m'inspirent aucune pitié. En effet, cette société dite des bonnes œuvres était tout simplement, une banque qui promettait aux petits capitaux des intérêts disproportionnés. Le titre qui était donc déjà un spirituel mensonge aurait dû éclairer les participants à des combinaisons désavouées par la morale : — L'abbé Clergeau, il est vrai, peut répliquer que ladite société a été réellement une bonne œuvre pour lui qui a récolté cinq millions : mais cette interprétation n'aurait sans doute pas plus de succès que l'argumentation du dentiste qui arrachait en plein vent les dents sans douleur, et, quand on lui faisait observer que ses victimes poussaient pendant l'opération des cris épouvantables, répondait tranquillement : — Elles poussent des cris, c'est vrai ; mais ce sont des cris de joie. L'abbé Clergeau n'en est pas moins parti, comptant sur la charité chrétienne pour consoler ceux qu'il a dépouillés. Il s'est 'probablement tenu, avant de s'exiler, ce raisonnement où éclate à la fois la logique et la confiance en Dieu. — S'ils meurent de misère ici-bas, le Seigneur les récompensera là-haut. Voilà comment les hommes intelligents profitent de tout, même de l'immortalité de l'âme, pour imposer silence à leurs scrupules>>

dans le journal quotidien "Le Mousquetaire", il est fait référence à une "Société des orgues": s'agit-il de la société qui commercialisait les petits instruments dans toute la France, et jusqu'en Belgique, entité bien différente des ateliers de facture d'orgues qui fabricaient les instruments ?
<<tribunal correctionnel de paris 6ème chambre Président Delesvaux : escroqueries, abus de confiance, l'abbé Clergeau et ses diverses sociétés: la société des orgues, le crédit des paroisses, la caisse des bonnes oeuvres, la banque des dépots, les eaux de Calais, la société des institutions de Boulogne et de Saint-Mandé ... sont impliqués trois prévenus : l'abbé Clergeau, le sieur Margaine et le sieur Faure dit de Monginot ... ("Le Mousquetaire, Paris et départements" Lundi 8 Avril 1867)

résumé de l'article: venu à Paris pour exploiter en grand un procédé dont il se disait l'inventeur, il était arrivé à réaliser en très peu de temps un bénéfice de 400.000 fr ... plus tard il ouvrit une banque de dépot et fit appel tout particulièrement au membres du clergé à qui il promettait un intérêt de 8% ... mais s'engageant en 1859 dans la Société des Eaux de Calais qui était dans une situation déplorable, il acheta à bas prix une multitude d'actions, qu'il revendit bien plus cher à ses commettants ; il se trouva ainsi seul maître de l'entreprise ... l'ancien directeur de la société des eaux, Guizelin porte plainte contre lui et son neveu ... à cette époque le chiffre des dépots à lui confiés s'élevait à la somme de plus de deux millions, et cependant il existait déjà un déficit de 800.000 francs ... c'est encore à cette époque que pleuvaient des prospectus mensongers qui ont amené de nouveaux versements...
...
déposent ensuite des membres du clergé [dont le curé d'Isigny] qui ont fait des dépots, mais n'ont jamais vu les intérêts que sur le papier et dont le capital s'est envolé...
...
le tribunal, après délibération ... a condamné l'abbé Clergeau (par défaut) à cinq ans de prison et 50 fr d'amende, et le sieur Margaine à trois mois de prison et 50 fr. d'amende>>

notre abbé semble désormais bien loin des préoccupations liées à la propagation du chant choral dans les campagnes

-Le Journal des Economistes 4 Juin 1867 : <<Voici ce que deviennent quelques-unes de ces entreprises de crédit baptisées de grands noms et annoncées avec audace. Nous lisons dans un journal quotidien: " Un prétre, l'abbé Clergeau, ancien curé d'une paroisse de Bourgogne, ancien vicaire du chapitre de Sens, venu a Paris, il y a plus de vingt ans, pour exploiter un procédé dont il se disait l‘inventeur, un nouveau sys tème de transposition pour le clavier des orgues, n'a pas tardé a y occuper une position industrielle considérable. S'adressant plus particulièrement à ses anciens collègues, aux curés et desservants de campagne, par des lettres, par des prospectus, par des circulaires, il leur demandait le dépôt de leurs fonds ou de titres représentant des valeurs cotées à la Bourse, en leur promettant de leur servir un intérêt de 8 %. Séduits par l’appât de ce bénéfice un peu usuraire, bon nombre d'ecclésiastiques ont confié leurs fonds ou leurs valeurs à l’abbé Clergeau, qui, toujours proclamant le succès de ses entreprises et promettant de plus grands avantages, a fondé successivement six établissements sous les noms de : la caisse des Bonnes œuvres, -le Crédit des pa roisses, -la banque des Dépôts, -les Eaux de Calais. -la Société des institutions de Boulogne et de Saint-Mandé. Le résultat de toutes ces entreprises a été une faillite présentant un passif de plus de 4 millions en face d'un actif de 60,000 fr., ensuite de laquelle s‘est dressée contre l'abbé Clergeau et deux de ses associés, les sieurs Faure (dit de Monginot) et Margaine, une triple prévention de banqueroute simple, d'escroquerie et d’abus de confiance. Bon nombre de témoins ont été entendus, presque tous des ecclésiastiques, curés et desservants de divers départements. Tous ont déclaré qu'ils ont été trompés par l'abbé Clergeau, auquel, avec la plus grande confiance, ils ont envoyé leurs fonds ou des valeurs pour en faire un emploi déterminé; le résultat a été pour eux un désastre complet; quelques uns out été désintéressés, non par l‘abbé Clergeau, mais par ses associés. Le syndic de la faillite a déclaré que l‘abbé Clergeau percevait pour son traitement particulier une somme de 23,000 fr., menait un grand train et avait une maison de campagne à Enghien. . L'abbé Clergeau, qui depuis longtemps est en fuite, ne s'est pas présenté à l'audience. Le tribunal correctionnel, 6e chambre, présidé par M. Delesvaux, a donné défaut contre lui, et l'a condamné sur tous les cbefs de la prévention à cinq ans de prison et 50 fr. d’amende. Le sieur Margaine, pour complicité de banqueroute simple et d'abus de con?ance, a été condamné a trois mois de prison et 50 fr. d'amende. (Siècle) Joseph Garnier. Le Gérant, Paul BRISSOT-THIVARS>>

les sociétés financières ne sont pas seules concernées par cette débâcle : faillite de l'entreprise Alizant-Clergeau à Mirecourt en 1867...ce qui n'empêchera pas de retrouver plus tardivement deux ou trois instruments identiques aux autres, ce qui prouverait qu'un vrai atelier de facture d'orgues, vraisemblablement celui du père d'Auguste Alizant qui survécut deux ans à son fils, ait pu survivre à la liquidation.

rappelons ici la conclusion de son ouvrage "L'unique destinée de l'Homme" :

***

d'autres extraits dans la presse :

<<.. Les opérations de l'abbé Clergeau fondateurd'une prétendue Caisse de bonnes oeuvres et qui est en fuite, avaient été blâmées sévèrement et à plusieurs reprises par l'autorité ecclésiastique, et notamment, croyons-nous, par l'archevêché de Paris. On nous assure que la banqueroute de l'abbé Clergeau a des ramifications avec une affaire de détournements, où se trouvent compromis un imprimeur de Paris, et le sous-caissier d'un de nos grands établissements de crédits. (Liberté.) Ch. Virmaître.>>le journal de Toulouse samedi 1er septembre 1866

le journal de Toulouse samedi 3 septembre 1866

<<...Les déplacements et villégiatures sont plus que jamais à l'ordre du jour dans le monde de la finance et de la caisse. C'est d'abord l'abbé Clergeau, fondateur de la Caisse des Bonnes Oeuvres qui vient de partir, laissant un passif de cinq millions et un actif de vingt-deux francs. Puis le caissier d'un des principaux commerçants de Bordeaux. Puis encore le caissier d'un agent de change parisien. Disparus l'un et l'autre, en laissant vides les coffres de leurs patrons respectifs...>> JOURNAL DE LA SAVOIE DU 2 SEPTEMBRE 1866 (www.memoireetactualite.org)

où sont partis Clergeau et ses associés ? l'argent disparu a-t-il été réutilisé ailleurs ? comment le personnage a-t-il fini sa vie, et où ?

toutes questions auxquelles il n'y a pas de réponses pour l'instant !

Août 2012

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autres références non exploitées (recherches en cours):

(<<...Une circonstance assez singulière c'est que l'abbé Clergeau occupe une cellule à côté de celle de M. Mirés...>>journal de l'Ain vendredi 19 juillet) 1861(www.memoireetactualite.org) la date 1861 est curieuse

(note sur l'affaire Bapsubra-Clergeau <<Affaire Bapsubra-Clergeau. Note noms cités Bapsubra, Jean-Baptiste-Germain Clergeau (Abbé.), Galland et Cie "De Guizelin Éditeur impr. Pillet fils aîné, 1859>> s'agit-il d' Achille Bapsubra employé en 1857 au journal "la revue de Paris" ou un homonyme ? on retrouve également trace d'un Jean-Achille Bapsubra, né à Toulouse, ancien greffier de la prison Saint-Lazare, qui <<...organisait dans l'austère prison de petites fêtes intimes...il parait même qu'on dansait au son de l'harmonium de la chapelle...>> l'histoire ne dit pas s'il avait un clavier transpositeur...(la commune de Paris, l'Assistance publique et les hopitaux en 1871 Jean-Paul Martinaud Ed. L'Harmattan)

 

(Journal du Palais, pages 721-723 arrêt de la cour de Cassation 29 novembre 1871 concernant la rétention de pièces lors de la faillite :
<<...l'abbé Clergeau associé de la maison de banque Clergeau et Margaine avait été gérant pendant neuf années de la Société des Eaux de Calais...>>)

(Lettre de l'abbé Clergeau pour remercier le Conseil municipal de Calais d'une subvention qui venait de lui être votée. Paris, le 16 janvier 1877.)

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